En 1872, le fils d’Alexandre Dumas emploie pour la première fois le terme « féministe » pour rire des hommes qui souhaitent donner plus de place aux femmes.
Environ 140 ans plus tard, les initiatives pour féminiser l’emploi et donner aux femmes une vraie place se multiplient : l’Académie française est en faveur de la féminisation des noms de métiers, Barbie crée les premières poupées astronautes ou scientifiques et de nombreuses entreprises montent des fondations en leur faveur telles que “Femmes@Numérique” ou “JAE”.
Mais en pratique, les emplois se sont-ils vraiment féminisés ?
L'évolution des métiers
Selon une étude DARES (direction du Ministère du Travail) de 2019, la présence des femmes a augmenté > de 10 à 22% dans certains métiers tels que ingénieurs, cadres de l’industrie, cadre du bâtiment et des travaux publics.
Du côté des métiers perçus comme masculins tels que les métiers de l’armée, police, et pompiers > les femmes sont aujourd’hui 17%.
En revanche, la présence des femmes a diminué sur certains secteurs comme l’industrie
> du textile et du cuir (68 % de femmes, contre 81 % il y a 30 ans)
> dans le travail du bois et l’ameublement (13 % contre 23 %).
Un déclin qui peut parfois être expliqué par des changements sociétaux, comme pour la disparition des dactylo ou opératrice de saisie qui explique la chute du taux de femmes chez les opérateurs en informatique (46 % contre 85 % dans les années 80).
Parmi ces évolutions, un nouveau phénomène voit le jour : certains métiers souhaitent se féminiser mais n’arrivent pas à recruter en ce sens. C’est notamment le cas des transports aériens qui peinent à embaucher des femmes à d’autres postes d'hôtesses de l’air ou encore des métiers de la sécurité.
Les métiers ont-ils un genre ?
Encore aujourd’hui, l’idée qu’il existe des "métiers d'hommes" et des "métiers de femmes" reste très répandue. Selon un sondage du groupe Oui Care de 2020 :
> 64% des hommes et 51% des femmes pensent que "les métiers ont un sexe.
Des stéréotypes que l’on peut assigner à la façon dont les métiers sont perçus historiquement. Selon Per Block, sociologue du travail, “La profession d’infirmière a tendance à être décrite avec des attributs féminins stéréotypés : social, empathique, attentionné. Si la plupart des soignants étaient des hommes, nous pourrions percevoir la profession très différemment, par exemple comme responsable, affirmée ou exigeante physiquement.”
Un sujet d’actualité puisqu’il se retrouve au cœur du film “Sage-Homme” de Jennifer Devoldere, au cinéma depuis le 15 mars dernier, dans lequel un jeune homme est amené à intégrer l’école des sages-femmes. Une nouvelle qu’il ne compte pas annoncer à sa famille et ses amis, car ce métier à une forte connotation féminine. Comme quoi, il y a encore du chemin à faire !
Des connotations masculines et féminines qui pourraient être une des causes des difficultés de recrutement sur des postes qui souhaitent se féminiser.
Une féminisation qui fait peur
Pour contraster avec cette féminisation des emplois, les hommes ont tendance à prendre la fuite.
En effet, selon une étude suisse, menée par l'université de Zurich en 2023, lorsqu’une profession se féminise et devient majoritairement exercée par les femmes, les hommes sont plus susceptibles de s’en éloigner. Une situation que l’on peut expliquer par la peur de moins bien gagner leur vie ou de perdre leur statut social.
L’étude illustre “une augmentation de 10% de la proportion de femmes qui accèdent à un emploi réduit la probabilité pour les hommes de rester d'environ 12%".
L'intérêt de féminiser ?
Face à toutes ces variables : difficultés de féminiser, stéréotypes dont on ne se sépare pas et éloignement des hommes, il est légitime de se demander pourquoi féminiser l’emploi ?
Selon l’Organisation internationale du travail et son étude administrée aux dirigeants de plus de 12000 entreprises dans 70 pays, le fait de ne pas s’ouvrir à la féminisation peut être un frein économique.
Les chefs d’entreprises ont pu le constater, en féminisant les équipes (de 40 à 60% de femmes) ils génèrent davantage de profits et attirent un multitudes de nouveaux talents.
Il serait dommage de s’en priver, alors, prêts à faire bouger la place des femmes dans l’emploi ?
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